Ce titre est plus disant qu’on ne le croit si on veut bien s’y pencher.
Il peut paraître étonnant que des interprètes, des pédagogues, des professionnels, enfin en vacances et loin de leurs classes, de leur administration de tutelle, de leurs horaires et de la pression de leurs représentations, désirent encore, enfin parvenus au calme du Finistère et au creux de leurs congés, faire de la musique, créer, enseigner, organiser des choeurs et des spectacles. Et ce, avec et pour une population bigarrée, intergénérationnelle et de tous niveaux mélangés.
La plupart des intervenants ont la chance de faire un métier qui, même s’il est incroyablement exigeant, prend sa source dans le plaisir et le jeu.
Si les vacances n’ont pas vertu à arrêter cette belle accoutumance, elles sont par contre l’occasion de revenir à l’essentiel: la rencontre, les rencontres. La musique est un ferment et sa pratique une simple fête.
Pas d’examen ou d’évaluation, ici, pas de réussite ou de pression, pas de critère d’entrée, de niveaux, de carrière ou d’âge. Non, le simple plaisir.
Aucun des professionnels s’adonnant à ce plaisir estival n’oublie qu’il y a longtemps, qu’ils soient bretons ou parisiens, issus d’un milieu ouvert ou fermé à ces pratiques, leur vocation est née dans des conditions similaires, dans un collectif improvisé, dans cette enfance de l’art, dans le jeu pur et le regard ému des parents. Ce plaisir est donc à prendre au sérieux, il est souvent une promesse.
Eric Ruf,
Administrateur de la Comédie-Française